Expérience : utilisation de la fonction différée en volley-ball


L'étude a montré que les retours d'expériences sur l'utilisation de Kinovea en EPS n'existaient pas, malgré une publication importante sur la façon d'utiliser le logiciel.

Profitant de mon stage en établissement, j'ai décidé de tester la fonction différée lors de mon dernier cours (5e séance du cycle / 8 séances).

Ci-dessous se trouve un récapitulatif de mon retour d'expérience lors de l'activité volley-ball.

I.              Présentation générale

La classe et les élèves dans l'activité volley-ball :
La classe au complet est composée de 35 élèves : 9 garçons et 26 filles. Les garçons ont tendance à vouloir se démarquer. Ils sont peu réceptifs aux consignes. Ils font l'exercice s'il y a un rapport de confiance établi à l'oral au préalable. Les garçons ont besoin d'être valorisés avant, pendant et après l'exercice, sous peine qu'ils changent les consignes. Cependant, ils contestent beaucoup.
Les filles ont typiquement un comportement scolaire : elles posent des questions si elles n'ont pas compris mais certaines cherchent à fuir l'activité.

En volley, j'ai pu distinguer deux grands niveaux : 
-  les garçons ont compris la nécessité de construire l'attaque, maitrisent le maniement de la balle (tant les passes hautes que la manchette). Ils cherchent à smasher mais ils mettent beaucoup de ballons dans le filet ou à l'extérieur du terrain. Dans le 4 contre 4, ils fonctionnent 2 par 2.

- les filles : on peut distinguer deux groupes au niveau de l'intention. La plupart renvoie directement alors que 7 ou 8 ont l'intention de vouloir créer une relation avec ses partenaires (lien zone arrière-zone avant).
Concernant la maitrise du ballon, la majorité essaye de faire des passes hautes mais quand elles doivent faire une passe à leur camarade, la trajectoire devient tendue. Elles essayent la manchette mais ne la maitrisent pas. En 4 contre 4, elles ont du mal à savoir qui doit aller sur la balle. 

Lors du cours précédent :

  • pour les filles, l'objectif a été de construire un renvoi indirect (si je suis en zone arrière je fais une passe haute vers l'avant) ou du moins, d'en créer l'intention. 
  • pour les garçons, l'objectif a été de repérer les espaces libres chez l'adversaire et atteindre la zone du fond, à travers deux matchs à thème.
  • pour les deux : initiation au 4c4. Les garçons jouent souvent par binôme, alors que les filles qui ne reçoivent pas la balle restent passives.


Objectif de ce cours : 
L'objectif du cours a été d'apprendre à se réguler dans une stratégie en utilisant la vidéo. Le travail durant tout le cours a été de construire un jeu collectif dans son équipe.

NB : Je suis partie du postulat que dans les théories cognitives, l’observation est importante dans le premier stade d’apprentissage. Ici, il s'agit d'utiliser l'auto-observation dans l'apprentissage d’une organisation collective en 4c4 : chacun se compare avec la stratégie précédemment écrite. 

Déroulement général de la séance : 
Lors de ce cours, 32 élèves ont pu jouer : 8 garçons et 24 filles. 2 filles étaient dispensées et un garçon était absent. 
Aménagement/matériel : 3 terrains ont pu être installés ; filets mis à 2,20m ; un ballon pour deux. 

  • Echauffement général (courses, échauffement articulaire et renforcement musculaire); 
  • Echauffement spécifique : 1 avec 1 pendant 5’ (passes hautes puis évolution avec manchette-passe haute)
  • Explications par un power point
  • Matchs de 5'. 6 équipes faites par affinité : 4 équipes de 5 joueurs et 2 équipes de 6 joueurs dont une de 6 composée uniquement de garçons et une mixte (2 garçons – 4 filles).

II.            Utilisation du Powerpoint 

Même si le Powerpoint ne fait pas partie de mon expérimentation  je tenais à revenir dessus étant donnée que j'ai été surprise de l'engouement des jeunes.
Le Powerpoint était composé des éléments suivants :
  • Rappel sur les notions d'attaque, défense, porteur, non porteur; 
  • Rappel sur les zones avant/arrière; 
  • Les rôles dans chaque zone et du fait que le non porteur n'est pas passif; 
  • Explication du modèle "retour sur aile opposée" (réception haute en diagonale sur passeur / passe haute courte ou longue / attaque);
  • Les règles du jeu;
  • Comment faire les rotations. 
J'ai utilisé les effets d'animation disponible dans ce logiciel pour faire apparaitre les mots au fur et à mesure, en leur demandant de répondre aux phrases à trous. J'ai dû créer 3 équipes pour réguler, ils étaient tous attentif à chercher les réponses, en se parlant entre eux.

Je n'étais pas de dos mais face à eux en faisant défiler le diaporama. Il y a eu une bonne interaction avec les élèves; certains qu'on n'entend jamais ont même essayé de répondre. Ils étaient quasiment tous captivés et même à poser des questions.
Une fille a dit à sa copine : tiens regarde les rotations, on s'est trompé la semaine dernière. 

En bilan, c'est un outil que je réutiliserais sûrement car ça capte le regard des élèves du fait de l'"originalité" en EPS. De plus, ça permet d’être de face et vite intervenir si on voit le regard de certains élèves dubitatifs.
  

III.          Installation

Mise en place : 
Je suis venue 45’ plus tôt pour installer le matériel et préparer les terrains afin que tout soit prêt avant que les jeunes arrivent.
Un demi-terrain était réservé aux élèves qui passaient pour être filmés.
Voici un schéma général vu de haut. La flèche rouge indique les rotations.




L’installation du matériel informatique s’est fait de la façon suivante. Une webcam a été fixée au tableau amovible. Celle-ci était reliée à l’ordinateur portable, lui-même diffusant l’image sur un vidéoprojecteur sur le mur derrière les gradins. L’ordinateur et le vidéoprojecteur étaient posés sur une table, protégée par le tableau.
L’idée est que les élèves sont filmés de dos. Dès qu’ils ont joué le point, ils se retournent et s’observent sur le mur. Cela évite de bouger pour aller s’observer.
L’installation est schématisée ci-dessous.



Soucis concernant l'installation : 
Initialement, je voulais utiliser un caméscope pour avoir une belle image retransmise sauf qu’il fallait un câble Firewire. Le problème est que mon ordinateur portable n’a pas de port pour les câbles Firewire. Il aurait fallu avoir une carte Firewire, non disponible à la Fnac et Darty. Du fait de la première utilisation, je me suis dit que je remettrais cet achat à plus tard. J’ai donc utilisé une Webcam avec un port USB. En la branchant directement à l’ordinateur, Kinovea détecte directement l’image de la Webcam.
NB : un câble ou une carte Firewire permet d’avoir un flux plus important d’image vers l’ordinateur. Le flux d’images provenant d’un caméscope est plus important qu’une webcam.

La qualité de l’image n’a pas été celle que j’espérais mais ça a été comblé par un joueur repère vêtu d’un chasuble de couleur.

J’ai été déçue sur le fait qu’on ne puisse pas mettre l’image de la fonction différée en plein écran. Etant donné qu’il n’y a pas de traitement d’image en cours d’action, il est dommage de ne pas pouvoir enlever les barres outils. De ce fait, à la diffusion sur le mur, même si l’image était bien grande, on ne voyait que peu clairement les élèves. 

Point positif : J’ai beaucoup aimé la simplicité de mise en place entre les branchements et le lancement du logiciel (5’ maximum). C’est le fait d’amener le matériel, de le disposer, de mettre la table et le tableau qui a duré plus longtemps.

IV.          Utilisation

Mise en œuvre : trouver le bon temps pour avoir un décalage optimal entre fin de l’action-diffusion à l’écran a pris quelques essais. Initialement, je l’avais mis à 15 secondes pour finalement le ramener à 9 secondes. Le temps de latence était trop long donc les élèves n’avaient pas le réflexe d’attendre.
Ce temps est difficile à déterminer et dépend, je pense, du niveau des élèves. En effet, au volley-ball, la durée de l’échange varie.
Les 9 secondes ont été mises car d’une part, il y a eu beaucoup d’erreurs au service (ils ne sont pas  réceptionnés entre autre) et d’autre part, le point était majoritairement conclu dès le retour de service.

Mon intervention :
Alors que l'utilisation de cette fonction doit, notamment, favoriser le travail en autonomie (d’après les différents contenus énoncés sur les différents sites trouvés), j’ai passé beaucoup de temps sur l’atelier, surtout au début de la rotation. Je suis intervenue essentiellement sur les placements à adopter (alors que c’est ce qui était censé être travaillé) et sur le fait de leur dire de regarder leurs actions.

Comportement des élèves par rapport à l’utilisation du multimédia :

En général, quand ils se retournaient, c’était plus pour se voir que pour voir si la stratégie a été mise en place.
Il n’y a pas eu de réelle exploitation de la vidéo dans le cadre du thème. Quelques uns (3 ou 4) ont bien fait la relation entre « ce que je fais  - pourquoi ça a réussi/échoué ».

Mais la plupart des élèves ne se retournait pas pour voir l’organisation du point, comme il était initialement demandé. Ils se retournaient surtout pour voir le « beau » point. Ils ne se retournaient pas à chaque fois, surtout en cas d’échec. Néanmoins, ils se tous regardés.

Ainsi, au niveau des représentations, ils sont toujours dans l’idée que s’ils font 2 ou 3 touches, même sans organisation, c’est bon. Il est vrai qu’en cas de renvoi après 2 ou 3 touches, le point est gagné.

Au niveau du comportement hors volley, seuls 3 garçons se sont amusés à passer devant la webcam à faire des grimaces avant de se regarder.


Évolution du comportement des élèves :
Les filles ont réussi à se placer. Il y a eu plus d’initiatives dans le jeu étant donné que chacune savait ce qu’elle devait faire. Il y a plus d’intention, plus de relais dans l’équipe. Au niveau de la réussite, cela a été très aléatoire.
Mais je ne mets pas cette évolution sur le compte de l’utilisation de la vidéo.
Etant donné qu’elles sont scolaires, c’est sûrement l’explication qui a permis de structurer leurs actions.

Mais les garçons ont eu du mal à ne pas cumuler les rôles, en restant sous forme 2+2. En général, le réceptionneur faisait aussi le smasheur alors que la stratégie n’était pas celle là.


Après questionnement, ils m’ont dit qu’ils avaient bien aimé se regarder et ont dit que ça changeait. 

V.            Bilan général

Je pense que pour utiliser la fonction différée sur une situation de match, il faut que les élèves aient déjà pas mal d’heures derrière eux. Surtout, ils doivent savoir prendre du recul sur leur prestation, passant au-delà de la simple observation « comment je suis sur le terrain », pour savoir repérer les éléments clés.

Ainsi, l’analyse n’aurait peut-être pas due être faite de cette manière. Il aurait été plus pertinent de filmer une séquence, puis de faire asseoir les élèves étant donné qu'il s'agissait d'une première approche. Ils auraient pu se regarder et analyser leur comportement avec les outils de Kinovea afin de voir si ce comportement était en adéquation avec la consigne.
Je n’ai pas encore regarder précisément comment faire, comment l’organiser. Je suppose qu’il faudrait faire une séance où l’enseignant intervient sur chaque groupe et régule les analyses des élèves, avant d’en faire une où ils sont en autonomie sur l’atelier où l’enseignant intervient ponctuellement.

L’analyse avec Kinovea pour le sport collectif doit nécessiter un temps (un atelier pour ça) et se voir juste après l’action n’a pas apporté quelque chose de plus que l’explication par le Powerpoint.

C’est pourquoi je pense que la fonction différée pour des élèves, notamment novices, doit être utilisée sur des actions courtes, individuelles, qui permettent une rotation rapide.

Enfin, je rappelle que tout ceci a été fait dans le cadre de mon stage en situation en Master 1, à la 5e séance. Je n’avais pas forcément toutes les billes.

De cette expérience, j’ai retenu qu’il est nécessaire de donner aux élèves une formation dans la relation « ce que le professeur veut/ ce que je fais » et qu’il vaut mieux utiliser le différé pour des actions individuelles afin de favoriser la répétition.

Lise A.


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